« Mettre au monde, c'est prolonger l'œuvre de l'amour et le sublimer. » ||Prio à Cantilène du Serpent, Petite Luciole, Petite Innocence et Petit Empereur.

Take me to Church

Il savait qu'il ne devait pas être là. Il le savait. Mais il n'en avait rien à faire. Ce n'était pas cette femelle qui allait le priver de sa liberté maladive, ce n'était pas cette jolie minette qui allait le changer. Non. Ce n'était pas elle. C'était tout ce qu'elle engendrait. Il ne sentait pas sa peur, pas cette peur qu'il avait goûté, dont il s'était délecté toutes ces lunes, ce n'était pas elle. Elle était partie, où endormie sous la douleur de la mise à bas. Elle donnait la vie, elle réalisait le seule acte qu'il ne pourrait jamais faire à sa place. Et cela lui rappelait à quel point il était comme une brindille ployant sous le vent, qui finirait inéluctablement pas se briser et laisser la printemps remplacer la blessure crée par son départ. Il serait oublié, écrasé, brisé, sans cesse, éternellement. Qu'il renaisse pour mourir à nouveau il ne sera qu'un grain de poussière ballotté dans le cours du temps. Et elle, elle survivra toujours, à travers sa progéniture. Même en temps que père, même en temps que mâle, en temps de dominant, il n'arrivait pas à se projeter en ces enfants. Ou alors il ne vouait pas, il voulait tourner le dos et partir, il voulait qu'elle le chasse à nouveau, qu'elle le repousse. Il ne savait pas ce dont il était capable et il ne  le saura en tout honnêteté jamais. A moins qu'on le pousse à dévoiler cette face cachée, qu'on lui permette de s'éveiller sous la face immergé de l'iceberg. Mais ce jour avait peu de chance d'arriver et il était persuadé qui ne pointerait jamais ses moustaches.

Alors il restait dans l'ombre souriant en réponse à son sourire.  « Des noms ... que dirais-tu de Petite Innocence pour la petite blanche ... ? Et Petite Luciole pour la noir et blanche ... » Des noms parfaits, parfaits pour les enfants parfais qu'ils sont. Des noms qui collent à leur peau. Il tourna la tête vers le petit dernier qui lui ressemblait, il s'imagina en lui. « Petit Empereur, qu'en penses-tu ? » Il se tourna à nouveau vers elle. Il pouvait son corps trembler sous l'émotion. Il avait enfin réussi à mettre de coté son ego, ses problèmes, les problèmes qui créaient. Il avait réussi à l'aimer. Il s'arqua pour plonger sa tête dans sa nuque sans avoir à s'allonger. « Ils ont des noms à la hauteur de celui de leur mère » Il était heureux. Heureux de savoir qu'elle était toujours vivante, qu'il avait des petits. Il ne pensa même pas à son frère, pas à ses parents absents, il n'y avait que sa nouvelle famille qui comptait. Celle qu'il allait construire à la sueur de son front, dans l'amertume de ses larmes pour qu'elle brille tellement plus que lui. Pour la première fois la mourir eut une dimension effrayante, il ne voulait pas perdre ses enfants, mais il savait très bien que ce l'avenir lui réservait. S'il survivait, c'était que sa meneuse avait succombé. Il n'était pas éternel et son poste ne rallongeait pas sa vie. Il allait mourir, c'était irréfutable. Mais il ne voulait pas, pas avant de les avoir vu grandir.